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JACKSON Mahalia
9 juin 2010

PORTRAIT : JACKSON Mahalia

Mahalia_JACKSON___Portrait__0__BL17

Voici une BIOGRAPHIE de la grande Mahalia JACKSON
"Queen of Gospel Song"

26 octobre 1911 (New Orleans - Louisiane)  -  27 janvier 1972 (Evergreen Park -vers Chicago- Illinois).

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Mahalia JACKSON, la première superstar de gospel afro-américaine. Mahala JACKSON (surnommée "Halie") naît en 1911 à Water Street dans la banlieue pauvre de La Nouvelle-Orléans, et elle restera populaire jusqu'à sa mort en 1972.
Intégrant des éléments du blues dans sa musique, elle apporta une touche de sensualité et de liberté dans le negro-spiritual Portrait__nature_ que nombre de chanteurs devaient par la suite adopter
(Aretha Franklin, Mavis Staples, Santana, Jennifer Hudson, Cissy Houston, Whitney Houston, et bien d'autres), mais elle ne voudra jamais chanter de la musique profane.

.Ligne_Music_11__fix LA NOUVELLE-ORLÉANS Ligne_Music_11__fix.

Mahalia est la troisième d'une famille de 6 enfants. Sa mère (Charity Clark) est blanchisseuse et bonne à tout faire; son père (John Andrew "Johnny" Jackson) est un prédicateur baptiste le dimanche matin, et la semaine il est à la fois barbier et débardeur (travaillant, sur le bord du fleuve et les villes portuaires, à charger et décharger les bateaux); mais malgré tout le travail fourni par ses parents, l'argent semblait toujours manquer. Elle va donc grandir dans la pauvreté dans une petite maison de 3 pièces où s'entassent 13 personnes et un chien. Elle va sur les digues le long du Mississippi avec son frère Peter (de 5 ans son aîné) chercher du bois flottant, ou de la nourriture à ramener à leur mère (crabes, crevettes grises, petits alligators); mais pour elle, c'est aussi un terrain de jeu dans la boue.
Tous ses grands-parents étaient nés dans l'esclavage (ils étaient des ouvriers dans les plantations de riz et coton en Louisiane) et elle était vouée au même sort.
Dans la section "Black Pearl" de Carrollton quartier Uptown (où les blancs sont propriétaires des bars et épiceries), elle vit à une époque de ségrégation et racisme dans ce qu'elle appelle une "shotgun shack" [cabane forcée]; dans son quartier "Front of the Town" ses voisins sont des afro-américains ou des immigrants d'Europe, qui sont tous pauvres et travaillent dur.
Elle avaient les jambes arquées (que, faute d'opération, sa mère lui frottait avec de l'eau de vaisselle grasse), et c'est cette particularité qui lui donnera un déhanchement particulier lorsqu'elle se déplace sur scène.
Elle grandit dans un environnement très religieux, mais sans la présence de son père.
Elle n'a que 5 ans au décès de sa mère. Elle est alors élevée dans une famille composée de : son jeune frère Roosevelt (surnommé Pierre), 6 tantes et leurs enfants, plusieurs demi-frères et belles-soeurs (les enfants de son père remarié).
Après l'école, elle travaille dur et tard pour sa tante Duke, sans être rémunérée. Celle-ci vérifie son travail avec sa main revêtue d'un gant blanc, et la bat si c'est mal fait à son goût.
Lorsqu'elle est en classe de 8ème elle cherche du travail en dehors des tâches effectuées chez sa tante, et trouve un emploi de blanchisseuse; elle quitte l'école cette année-là. C'est de cette malheureuse expérience avec sa tante que, lorsqu'elle est deviendra célèbre, elle exigera toujours un paiement d'avance et en numéraire.
Dans la famille de son père il y a plusieurs artistes de variétés : danseurs (de valse, quadrilles, polkas et mazurkas) dans des soirées données par des blancs; également musiciens de blues et chahuts à Ma Rainey's Circus . Mais elle est obligée de confiner ses propres activités musicales au chant d'église et à l'écoute _sur le phonographe de son cousin Fred_ d'enregistrement de Bessie SMITH (qui l'inspirât par son blues), Ida COX et Enrico CARUSO.
Dès l'âge de 5 ans, elle est le plus jeune membre dans la chorale de l'église baptiste qu'elle fréquente tous les dimanches (Mount Moriah Baptist Church); et déjà à 8 ans elle a une voix extraordinairement grande, et tout le monde (dont sa tante Bell) s'accorde à penser qu'elle posséde quelquechose de spécial. Ainsi, elle développe un style unique, une combinaison entre le chant d'église et des tonalités blues profondes. Elle acquiert une gamme riche de spirituals et hymnes.
Vivre à la Nouvelle-Orléans où règne un bon esprit, c'est être baigné dans la musique des groupes de scène, pianistes et autres musiciens; chacun semble être capable de jouer d'un instrument ou de chanter; la nouvelle musique y est faite par et pour les noirs. Ils pleurent à l'arrivée d'un nouveau-né, ils se réjouissent lors des enterrements en embauchant des fanfares pour mener la marche funèbre (la mort est quelquechose qu'il faut célébrer et ne pas craindre) ce type de musique s'appelant "Second Line music".

.Ligne_Music_11__fix CHICAGO Ligne_Music_11__fix.

L'assassinat de son cousin et bon ami dans une rixe est le signe pour elle qu'il est temps de changer de vie, et de quitter sa tante Duke qui l'exploite; elle est prête à sortir de l'adolescence, et à découvrir la vie qui s'offre à elle.
En 1927, elle n'a que 16 ans lorsqu'elle part vers le Nord avec sa tante Hannah pour un voyage de 3 jours à bord du "Illinois Central" : les cabines y sont séparées mais égales (selon la décision des Cours Suprêmes en 1893), mais elles se retrouvent à manger la nourriture qu'elles ont apportée dans des endroits non chauffés, car elles ne sont pas admises dans la salle à manger.
Elle vient s'installer à Chicago avec l'ambition de devenir infirmière; mais elle ne trouve qu'un travail de blanchisseuse (ou aurait pu travailler pour une famille de blancs sur le riche côté Nord).

Une fois installée, sa priorité est de trouver une nouvelle église. Sa tante la conduit à l'église baptiste Greater Salem où elle est chaleureusement accueillie. Elle y chante de façon impromptue "Hand me down my favorite trumpet, Gabriel".
Lorsqu'elle chante des chants religieux, les gens l'interrogent sur la façon dont elle les interprète, et elle leur répond qu'elle les chante de la façon dont elle les a entendus en grandissant; on lui dit que cela sonne comme du jazz, mais pour elle c'est ce qu'elle connait.
Elle rejoint donc rapidement (sans avoir jamais pris de cours de chant) le Greater Salem Baptist Church Choir où sa remarquable voix de contralto conduit vite à sa sélection comme soliste.
Même si elle vit dans de mauvaises conditions, travaillant dur pour peu ou pas d'argent, elle garde sa foi sachant que le Seigneur met toujours ses bras autour d'elle.
Son talent lui permet de rejoindre Robert Johnson, et d'intégrer le groupe des Johnson Gospel Singers qui se produit dans les églises de quartier pour un prix minime, puis fait son chemin et se retrouve tête d'affiche pour des conventions à l'extérieur de la ville Baptiste. Elle y reste jusqu'à leur dissolution au milieu des années 30 (mixte, ce fut sans doute la première formation professionnelle de gospel).

En 1931, elle enregistre "You better run, run, run", que peu de gens connaissent, et qu'il est impossible de trouver. C'est à cette époque qu'elle a ajouté un "i" à son prénom, à prononcer "ma'herlia".

En 1935, à l'âge de 23 ans, elle rencontre l'amour de sa vie, un ami avec lequel elle participait à de nombreuses activités sociales de l'église. Et en 1936, elle épouse Isaac Lanes Grey HOCKENHULL (surnommé "Ike"), de 10 ans son aîné. Diplomé du Fisk University and Tuskegee Institute, il est entrepreneur. A cette époque, il pense déjà qu'elle doit développer son talent vocal pour devenir artiste de concert.
Elle étudie l'esthétique à "Madame C. J. Walker's and the Scott Institute of Beauty Culture"; ensuite elle ouvre la première de ses entreprises commerciales, un salon de coiffure, qu'elle va étendre à la vente de cosmétiques. Puis elle ouvre aussi une boutique de fleurs, et ses affaires marchent très bien.
Ike encourage son travail, mais est persuadé que le développement de son grand potentiel musical serait une plus grande source de revenus.
Il la convaint de rencontrer Anita Brown Patty (chanteuse d'opéra célèbre de la rive Sud) qui lui donne des leçons qui marchent bien, mais pendant celles-ci son esprit reste fixé sur le gospel.
Puis il la persuade d'auditionner pour WPA - Works Projects Administration, théatre fédéral produisant le spectacle "The Hot Mikado" par Gilbert et Sullivan. Ike lui aurait dit «Halie, personne ne peut toucher ta voix. Tu as un avenir dans le chant. Ce n'est pas juste de gaspiller juste pour brailler dans les églises. Femme tu veux des pièces de cinq cents et la dîme toute ta vie?». Auditionnant à contrecoeur, elle chante un vieux spiritual "Sometimes I feel like a motherless child"; mais bien qu'elle ait remporté l'audition, elle refuse l'emploi. C'était le souhait de son mari de la voir se diriger vers le monde plus lucratif du blues et de la musique populaire.

Elle débute alors une carrière solo, et commence à retenir l'attention du public, quand elle participe en 1937 à une tournée européenne de gospel en chantant des titres tels que "He's got the whole world in His hands" et "I can put my trust in Jesus". De retour à Chicago, Ike a essayé de la persuader en disant «Tu as une place avec le groupe, ça te rendra plus pleine de vie, en t'apprenant à te déplacer. Tu n'as pas à me le montrer, je sais ce que tu peux faire avec le blues». Elle répliqua «Je sais aussi ce que je peux faire avec le blues, bébé, et ce n'est pas de le chanter. Je renais!».
Leur mariage commence à se dégrader à cause de ce différent musical, et se désintègre à cause des problèmes de jeu aux courses de chevaux d'Ike. Ils se séparent, et cela se termine par un divorce en 1941, tout en restant amis.

.Ligne_Music_11__fix Label "Decca" Ligne_Music_11__fix.

Sa réputation grandissant, le 21 mai 1937 (26 ans) elle réalise chez "Decca" son premier enregistrement (accompagnée par Estelle Allen au piano) "God's gonna separate the wheat from the tares", et l'hymne baptiste "Keep me every day", qui mène à une série d'autres enregistrements "My Lord", "God shall wipe all tears away" (soit 2 disques). Mais le succès est modeste, et Decca la laisse partir.
En 1929, moment historique, elle a croisé le chemin du Révérend Thomas A. DORSEY (qui lancera également Sister Rosetta THARPE), d'abord chanteur de blues puis compositeur légendaire "pionnier du gospel moderne", chef de choeur dans la plupart des églises baptistes de Chicago. Il va devenir son conseiller musical, et l'accompagne au piano dans ses tournées pendant environ 10 ans (1937 à 1946), rencontrant un grand succès. Elle a interprété ses chants dans des programmes d'églises et à des conventions, pour promouvoir les nouvelles compositions du compositeur, dont "There will be peace in the valley" (1939). Sa signature, "Take my hand, precious Lord" composée par Dorsey, devient l'une des chansons les plus demandées dans son répertoire grandissant.
Entièrement dévouée à la "musique de Dieu", à l'essence même du chant sacré, sa voix céleste inimitable, sa présence sur scène, et sa relation coquette de séduction avec le public, font d'elle une véritable légende dans les églises du pays. Elle s'exprime avec simplicité, recueillement et puissance de conviction, d'une voix forte au timbre profond et chaleureux, avec une rare présence scénique et un charisme fascinant.
Dans les années 1940, elle est célébrée dans le monde entier pour sa voix, et encouragée à chanter le blues. Mais elle a résolument refusé tout au long de sa carrière. Elle en a parlé dans un échange avec Louis Armstrong, disant que c'étaient des «chants de désespoir ... les chansons de gospel étant des chants d'espoir. Lorsque vous les chantez, vous êtes délivrés de votre fardeau».

.Ligne_Music_11__fix Les détracteurs Ligne_Music_11__fix.

A la moitié des années 30, les dirigeants des églises noires ont été choqués de voir la descente des chants gospel vers une trop grande popularité.

Avec son succès grand public est venu l'inévitable réaction des puristes du gospel qui estiment qu'elle édulcore sa sonorité propre pour avoir une accessibilité plus populaire. Son swing couplé à une interprétation intense, expressive et pleine d'émotion rencontrent de la résistance dans de nombreuses églises noires, et sa tenue vestimentaire lui est reprochée.
Certains ont estimé sa musique trop jazzy, trop mondaine pour le culte. Les noirs les plus sophistiqués et de la classe moyenne, dans les villes du Nord, n'étaient pas séduits par les cris, gémissements et excès de Sainteté. C'était pour eux si rétrograde de revenir sur les affronts du passé et les anciennes racines africaines, qu'il étaient heureux de laisser derrière eux.

Il y a aussi ceux qui pensent que gospel et musique folk ne réclament pas de longues études, et ils trouvent donc que ce n'est pas de l'art. Pour eux, ces chansons qui viennent seulement du coeur sont trop faciles. Mahalia est très en colère contre eux, elle est en désaccord car elle pense qu'en chantant le gospel cela permet une plus grande communion avec Dieu.

.Ligne_Music_11__fix Labels "Apollo" ..&.. "Columbia" Ligne_Music_11__fix.

Elle connait une interruption dans ses enregistrements jusqu'en 1944 lorsqu'elle fait la connaissance de Bess BERMAN (Newyorkaise dans l'industrie de l'enregistrement avec Jukebox Berman) qui tombe sous le charme de sa voix et signe un contrat de §10,000 par an chez Apollo Records, sortant en 1946-47 plusieurs singles aujourd'hui très appréciés, bien qu'à l'époque les ventes aient été faibles, dont : "He knows my heart" (1946), "I'm going to tell God", "Tired" (1947) et "Amazing grace" (le célèbre hymne baptiste). Bess lui donne une nouvelle chance, et après les cantiques et les chants baptistes de Dorsey, Mahalia décide d'enregistrer avec son style "Move on up a little higher" (du prédicateur baptiste, Révérend William Herbert BREWSTER, de Memphis), qui devient un grand succès au-delà des auditeurs noirs, et les magasins n'ont pas assez de stock pour satisfaire la demande qui montera à 2 millions d'exemplaires. Ce 1er grand hit (8 de ses enregistrements furent vendus à plus d'un million d'exemplaires chacun) qui devient un disque de gospel parmi les plus vendus, fait d'elle une superstar et lui rapporte plus de §300,000 la première année. Ce single remportera un "Grammy Hall of Fame Award" en 1998.
Malheureusement elle doit arrêter cette collaboration car, antérieurement à elle, Rosetta THARPE avait signé un contrat d'exclusivité comme chanteuse de gospel avec ce label ... et ça n'est pas la dernière fois qu'elle entendra parler de Rosetta.
En 1947, elle est devenue la soliste officielle de la "National Baptist Convention".
Par ailleurs, elle chante "Take my hand, precious Lord" dans l'un des immenses stades de football de Washington devant un public enthousiaste.
Chantant de plus en plus en concert, et moins dans les églises, les arrangements s'élargissent d'un accompagnement piano ou orgue à un accompagnement orchestral.
Elle met en vedette les chants d'autres auteurs-compositeurs connus de Chicago, influencés par Dorsey et la marée montante de la musique gospel dans les églises, en concert, ou sur les disques. Parmi eux, elle a enregistré en 1949 "I can put my trust in Jesus", "Walk with me", et "Let the power of the holy ghost fall on me" de Kenneth MORRIS.
Entre 1949 et 1952, elle interprète des grands succès : "Silent night, holy night", "Walking to Jerusalem", "Go tell it on the mountain" et "The Lord's prayer" (1950), "How I got over" et "His eye is on the sparrow" (1951), "In the upper room" (1952 : oeuvre envoûtante qu'elle chante d'abord "arythmiquement", installant peu à peu le tempo), "I believe" et "Didn't it rain" et "Hands of God" (1953), et "Nobody knows" (1954).
Tous les chants par lesquels elle s'identifie _y compris "I believe", "Just over the hill", "When I wake up in glory", et "Just a little while to stay here"_ sont des chants de gospel, avec des textes tirés de thèmes bibliques et fortement influencés par les harmonies, le rythme et la force du blues.
Elle a refusé de chanter des chants religieux dans des lieux jugés inappropriés.
A l'été 1951, elle est invité avec Mildred FALLS (sa pianiste et organiste) à participer à l'Auberge de la Musique comme invitées à la prestigieuse école d'été de la communauté de Greenwich, par Marshall STEAMS son créateur, pour un week-end de jazz "think tank" [réservoir de pensée].
Dans les années 50, elle élargit ses lieux d'apparition en chantant :
* à la radio : Sur WENR dans le programme "The Wax Museum" du journaliste Louis Terkel qui est
   le premier à introduire sur les ondes des blancs de Chicago des artistes noirs et de la musique
   ethnique; il joue "I'm goin' to tell God" de son 78T, et l'invite à venir à l'antenne, ce qui va lui faire
   découvrir un monde au-delà de la communauté de l'Eglise; elle va ainsi, par sa façon d'être, faire
   connaitre ce nouveau rythme du gospel aux blancs qui avaient déjà adopté le jazz et le blues.
* à la télévision :
  ** Elle a, avec pour rédacteur Stern Terkel qu'elle impose, son show sur CBS pendant 20 semaines
     de septembre 1954 à février 1955, mais il passe de 30 minutes l'émission à 10 minutes car elle
     ne trouve pas de sponsor.
  ** Puis la chaîne WBBM-TV de Chicago l'invite à son programme "In Town Tonight", ce qui lui a plu
     car à cette époque aucun artiste noir n'avait été sollicité par ces réseaux;
* et dans des salles de concert à travers le monde.
   En 1951 elle est la première chanteuse de gospel à se produire au Carnegie Hall (célèbre salle de
   concert de New York) au "Negro Gospel and Religious Music Festival" produit par Joe Bostic qui a
   loué les lieux en prenant un gros pari, et cela s'est avéré être un gros succès à guichet fermé!
   battant les records de Toscanini et Benny Goodman.
En juin 1952, après 8 ans chez Apollo, elle y prolonge son contrat Billboard___1952_juin_28__BL17 "The Billboard" 28/06/1952 (p.44).
Sa renommée monte en flèche aux Etats-Unis.

            Billboard___1954_aout_21__BL17 ... Magazine "The Billboard" du 21 août 1954 (p.18 haut) annonçant son proche transfert chez Columbia.
A l'été 1954, elle signe un contrat plus lucratif établit par Mitch MILLER, chez Columbia Records, qui la surnomme «The world's greatest gospel singer» (titre de son 1er album) Portrait__nature_, qui sera suivi de «Bless this house» (1956) Portrait__nature_. Elle entre au Top 40 avec le hit "A rusty old halo", mélange de gospel et de ballades pop.
La même année, elle a son propre show radio et télé, tout en étant propriétaire d'un magasin de fleurs, et voyageant pour se produire en concerts.
Ses concerts sont de plus en plus entendus en salles, et moins dans les églises. De même, son répertoire s'élargit pour inclure des arrangements avec orchestre, au lieu de piano et orgue comme avant.

Mahalia_JACKSON___Portrait 1956.

En avril 1961, "Billboard" annonce (p. 12 haut) Billboard___1961_avril_10__BL17 ses séries TV de 30min "Mahalia Jackson sings".
En novembre 1961, Alex HALEY rédige un article dans le «Reader's Digest» Mahalia_JACKSON___Parution_Reader_s_Digest__1961_Couv_BL17.

En 1962, elle enregistre son deuxième album de Noël, «Silent Night (Songs for Christmas)» Portrait__nature_.
Avec la Colombia elle enregistre "Down by the riverside", "Didn't it rain", "Joshua fit the Battle of Jericho", "He's got the whole world in His hands" (1958 : il entre au Billboard's Top 100), et le basic de la Nouvelle-Orléans "When the saints go marching in".

En 1964, elle chante pour la foule à la Foire Universelle de New York, accompagnée par le "stupéfiant pasteur" Al Sharpton.

.Ligne_Music_11__fix Europe & monde Ligne_Music_11__fix.

En France, son titre "I can put my trust in Jesus" est primé en 1949 par le Grand Prix du Disque de l'Académie Française.
En 1952, elle fait sa 1ère tournée en Europe, et y rencontre un succès sans précédent. Les critiques musicaux l'annoncent comme étant la plus grande chanteuse de gospel du monde, une artiste rare avec un large éventail. Ses enregistrements sont introduits par l'historien français du jazz, Hugh Panassié, qui est impressionné par sa voix et son style de chant; dans son programme hebdomadaire à la radio ORTF, il joue régulièrement ses enregistrements, et ce programme est largement écouté en Grande-Bretagne et dans d'autres pays d'Europe Occidentale. A Paris on la surnomme "L'ange de la Paix", et elle est célébrée sur tout le continent où elle chante à guichets fermés devant une foule debout. Au célèbre Royal Albert Hall de Londres, le critique Max Jones parle de son charme. «Quand elle danse ses petits pas d'église à la fin d'un titre balaçant, seul un coeur de pierre resterait sans sourire». Dans une des centaines d'interviews données à la presse, elle dit à Jones «Je ne travaille pas pour l'argent. Je chante parce que j'aime chanter.»
         Gros succès au Danemark (Copenhague, Odense ...) relaté dans "The Billboard" Billboard___1952_novembre_15__BL17
du 15 novembre 1952 (p.62).

En 1955, Big Bill la fait venir en Angleterre à l'Albert Hall de Londres, sur son programme de blues et jazz. Y recevant un accueil froid, elle n'accepte pas ce rejet et part en Scandinavie où sa version de "Silent night" y a été l'un des enregistrements les plus vendus de tous les temps en Norvège. Lorsqu'elle chante "Silent night" à la radio nationale du Danemark, ils recoivent plus de 20 000 demandes de copie.

Son succès grandit en Europe. En 1957, elle fait une apparition remarquée au Internet_Explorer_bleu_soutenu__fix «Newport (Rhode Island) Jazz Festival» Portrait__nature_ (organisé par Joe Bostic, et enregistré par The Voice Of America), dans un programme entièrement consacré, à sa demande, à des chants tirés de l'Evangile.
Elle rassemble les races à travers sa musique. Sa voix porte la Parole de Dieu dans les églises, les prisons, les hôpitaux, les châteaux, les parlements, et à la Maison Blanche.
Ses concerts se composent de 17 à 20 titres même quand son calendrier est pris plusieurs soirs de suite. Elle tourne en Europe en 1952, 1961 Portrait__nature_, 1963-1964, 1967, 1968, et 1969.
Elle chante aussi en Egypte, Liban, Syrie, Israël (la Terre Sainte), Afrique (pour le Président du Libéria, William Tubman), Japon, Inde (1970). Elle rencontre des chefs d'Etat et des têtes couronnées, dont le Premier ministre indien Indira GHANDI et les membres de la famille royale du Japon.

.Ligne_Music_11__fix partenariats Ligne_Music_11__fix.

Portrait__nature_ En 1958, elle enregistre une version de «Black, brown and beige» avec l'orchestre de Duke ELLINGTON, dans laquelle elle interprète un sublime "Come Sunday".

En 1958, elle interprète plusieurs chants dans le film "St. Louis Blues".
En 1958-59, elle apparaît à la fin du film "Imitation of life" [Le mirage de la vie] de Douglas Sirk, où elle est Louise Beaver (joyeuse servante de couleur) qui chante "Trouble of the world" au service funèbre d'Annie, l'une des héroïnes. Elle n'a pas de texte à dire, mais sa performance vocale illumine l'atmosphère de cette scène.
               Imitation_of_life__1959_2003____Pochette_DVD___BL17                Vidéo...Mahalia_JACKSON___Imitation_of_life__Film_1958_59__BL17                    Le_mirage_de_la_vie__1959_2007____Pochette_DVD___BL17 .
Puis elle fait une apparition à la télévision avec Bing CROSBY et Dean MARTIN.

.Ligne_Music_11__fix Racisme Ligne_Music_11__fix.

En Mai 1954, la Cour Suprême a décidé d'agir lors de l'affaire connue sous le non de "Brown et al c/ Etats Unis", en réexaminant le 14ème amendement : pour la première fois la ségrégation est déclarée comme étant inégale, injuste et non démocratique.
Le progrès était en cours, du moins en apparence.

Entre ses concerts et émissions, elle et Mildred étaient promenées par son cousin John Stevens dans sa Cadillac pourpre. Et elle se souvient des problèmes de racisme rencontés pour manger, dormir, ou faire le plein d'essence. Il fallait souvent dormir dans la voiture en bord de route.

En 1955, Rosa PARKS (couturière noire de Montgomery, en Alabama) monte dans le bus habituel, et décide ce jour-là de s'asseoir dans une place disponible à l'avant, zone réservée aux blancs; refusant de se lever, elle a été brièvement emprisonnée.
Mahalia a été contactée par le Révérend Ralph Abernathy (collègue de Martin Luther King) pour venir participer à un intermède musical de soutien organisé par l'église St. John AME de Montgomery en l'honneur de Mme Parks. Elle a accepté et ce fut un succès.

En 1957, elle a gagné assez d'argent pour s'acheter une maison bien à elle avec un petit garage, située à Indiana Avenue, quartier principalement blanc dans le Sud de Chicago. Et malheureusement, elle y est victime de discrimination : un anonyme à tiré à la carabine dans sa fenêtre.

Face à de tels événements (à partir de 1955) elle est active dans le Mouvement des Droits Civiques des noirs.

17 Mai 1957 : Manifestation non-violente «The Prayer Pilgrimage for Freedom» / "Christian Leadership Conference" qui a lieu au Lincoln Memorial à Washington DC; elle y participe, estimant que le temps des compromis est révolu ;Mahalia ...Mahalia_JACKSON___Portrait__3__Prayer_Pilgrimage__1957___BL17 et Harry BELAFONTE y chantent.

Les relations raciales se dégradent à Birmingham :
* le 12 avril 1963, les 3 principaux leaders noirs (King, Shuttlesworth, et Abernathy) sont à la tête
  d'une marche de protestation. Par la suite, ils sont arrêtés et emprisonnés.
* 4 fillettes noires ont été tuées et 14 autres blessées alors qu'elles sont en cours de Bible;
* mi-juin, 3 collégiens (2 noirs et un blanc) sont retrouvés exécutés dans le style du Klan.
   Cet événement inspirera Alan Parker en 1988 pour son film "Mississippi burning", dans lequel le
   thème musical d'ouverture est "Take my hand, precious Lord" par Mahalia.

Le 21 février 1965, le nationaliste noir Malcom X est abattu à bout portant par 3 hommes.

.Ligne_Music_11__fix Politique Ligne_Music_11__fix.

Durant les années 60, elle est politiquement concernée.
Elle soutient le maire de Chicago, Richard Daley.
En janvier 1961, elle chante à l'investiture du Président américain John F. KENNEDY.

Elle est une loyale amie et supporter du Dr Martin Luther King (dont elle était l'un des chanteurs de gospel favori) et de son S.C.L.C. - Southern Christian Leadership Conference, et en concerts elle met en vedette son "We shall overcome". Elle aime écouter ce qu'il a à dire, et son action à ses côtés va lui donner une responsabilité au-delà de son image de chanteuse de gospel.
Le 28 août 1963, à la Marche sur Washington _au cours de laquelle le Rev. Martin Luther KING, Jr fait son célèbre discours «I have a dream»_ elle chante au Lincoln Memorial devant 250.000 personnes "I've been 'bucked, and I've been scorned" [J'ai été lessivé, j'ai été baffoué] et "How I got over" (un classique du Reverend Brewster).
                                          Mahalia_JACKSON___Portrait__17__Marche_de_Washington__1963___BL17                Mahalia_JACKSON___Portrait__17b__BL17
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En novembre 1963, lors des funérailles du Président J. F. KENNEDY assassiné, elle estime qu'il est de son devoir de s'impliquer, et interpète à la télévision "Nearer my God to Thee" [Plus près de Toi mon Dieu].

En juin 1968, elle rend hommage sur CBS au sénateur Robert KENNEDY assassiné.

Le 09 avril 1968, lors des funérailles de son ami Martin Luther KING, Jr assassiné, elle chante "Take my hand, precious Lord". Il disait d'elle qu'une voix comme la sienne ne se présentait qu'une fois dans un millénaire a voice like hers comes along once in a millennium»).

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A 51 ans, Mahalia a une vie bien remplie entre chant, politique et commerce; mais sa santé commence à se dégrader.
Billboard___1963_septembre_21__BL17 ... En 1963, elle et The Mormon Tabernacle Choir sont les 2 géants des ventes chez Columbia.

En 1964, elle épouse Sigmund GALLOWAY, musicien à Gary (Indiana), récemment veuf. Mais ce mariage ne durera pas non plus, car Sigmund la trouve trop exigeante et dirigiste.
Elle est une femme à 2 facettes, très impliqué par le gain d'argent (ce qui s'explique par son parcours depuis l'enfance où elle avaient été battue et exploitée). Elle peut être à la fois coléreuse et même cruelle (par exemple lorsqu'elle licencia Mildred Falls qui réclamait une augmentation de son maigre salaire), et parfois vulnérable
(passant des heures au téléphone avec son ex-mari).

1967 : Concert «Easter Sunday» au Philharmonic Hall (New York) ...albums...Mahalia_JACKSON___In_concert_Easter_sunday_1967__2001_11Cov.
Son divorce douloureux d'avec Sigmund (1967) entraînant une dépression, et des problèmes de santé la forcent à se retirer quelque temps de la vie publique.
La même année, elle se replonge dans ses affaires en démarrant avec Jean Childer le "Mahalia Jackson Chicken System". A cette époque, il y avait des réticences à traiter des affaires avec une personne noire. Mais Ben Crochets et Watts l'ont suivie, et 6 mois plus tard s'ouvrait le premier magasin à Memphis. Puis il y a la création de "Mahalia Jackson Food System", produisant 25 variétés d'aliments allant du petit pois au maïs. Les étiquettes portent même son nom et sa photo. Malheureusement, 1 an après sa mort, après plusieurs années de succès, l'entreprise fera faillite.
Et en 1970 parait un livre rédigé par elle : «Mahalia Jackson cooks soul» ...Mahalia_JACKSON_cooks_soul__1970_Livre_couv_1_BL17 .

Mais elle recouvre toute sa gloire passée dans ses dernières années.
Grande vedette, gérant parfaitement sa carrière mais cédant parfois aux exigences commerciales des producteurs pour élargir son audience, elle participe, malgré des problèmes cardiaques, à des rendez-vous européens dont le Festival d'Antibes-Juan-les-Pins en juillet 1968 où elle se produit pendant plus de 3 heures, habitée par une sensibilité et une ferveur inoubliables.

En 1969, elle enregistre son dernier album «What the world needs now», et termine sa carrière en 1971 avec un concert d'adieu en Allemagne.
                                   Mahalia_JACKSON___Portrait__35__1969__BL17                     Mahalia_JACKSON___Portrait__36__1969__European_Tour__BL17
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Les nombreux biographes, qui se sont intéressés à son parcours, parlent généralement de sa générosité envers la famille, les amis et les jeunes. Elle a reçu le Silver Dowe Award "pour un travail de qualité vers une meilleure compréhension internationale". Selon Laurraine Goreau, elle a eu le rêve inachevé de la construction d'un temple où elle aurait prêché, et où les jeunes pourraient étudier la musique gospel, la religion, et les enseignements universitaires. Elle a créé la Fondation Mahalia Jackson de Bourses d'Etudes pour les jeunes défavorisés souhaitant entrer au collège :
     Billboard___1968_juin_15__BL17 .....
Article dans le "Billboard" du 15 juin 1968 (p.56 : "Chicago ...") concernant un spectacle pour la Fondation.

Parmi ses amis il y a la plupart de ses contemporains dans le domaine de la musique gospel : Roberta MARTIN, Sallie MARTIN, Willie Mae FORD SMITH, J. Robert BRADLEY, Robert ANDERSON, les officiels de la "Thomas A. Dorsey's gospel music convention" dont les Ward Singers et Sister Rosetta THARPE. Elle a encouragé la carrière de Della REESE, Aretha FRANKLIN, et James CLEVELAND.
Il y a également, à travers le monde, des célébrités de la radio et la télévision telles que :
Ed Sullivan, Dinah SHORE Videos_Web__fix__globe_ sur CBS, Duke Ellington, Louis Armstrong, Percy Faith, Harry Belafonte, Albertina Walker, Brother John Sellers; et à New York l'organisateur Joe Bostic qui l'a présentée au Carnegie Hall et à ses concerts de gospel spectaculaires à succès de Randall's Island.
Elle connait les Lyndon Johnson, les John F. Kennedy, et Harry S. Truman.

Janvier 1972 : A l'âge de 60 ans, elle décède d'insuffisance cardiaque et complications de diabète à Evergreen Park (Illinois).
Ses funérailles ont lieu au Arie Crown Theater; puis son corps est transporté vers sa maison à La Nouvelle Orléans, pour un enterrement au Providence Memorial Park à Metairie (Louisiane).
                  Mahalia_JACKSON___Mort__Enterrement__BL17    Mahalia_JACKSON___Mort__Epithaphe__BL17    Mahalia_JACKSON___Mort__Tombe__1__BL17 .
Ensuite ont lieu des cérémonies funèbres traditionnelles joyeuses, pour celle dont la voix de contralto demeure l'une des plus belles du 20ème siècle, célébrées à La Nouvelle-Orléans et à Chicago. Un hommage ému et émouvant est rendu par ses consoeurs du gospel (dont Aretha Franklin) à celle qui incarne le symbole du pouvoir transcendant de la musique.
                                                     Mahalia_JACKSON___Mort__Aretha_Franklin_chante__BL17

Cette même année 1972, lui est décerné le "Grammy Lifetime Achievement Award".
En mars 1974, Mildred FALLS rédige un article dans le «Reader's Digest» Mahalia_JACKSON___Parution_Reader_s_Digest__1974_Couv_BL17.

En 1998, un timbre de 32 ¢ à son effigie est édité par l'US Postal Service.
Une pièce commémorative à son effigie "Sterling silver coin" Mahalia_JACKSON___Pi_ce__Sterling_Silver_coin__1 Mahalia_JACKSON___Pi_ce__Sterling_Silver_coin__2 a été éditée.

Sa mort a marqué l'éclipse de l'âge d'or du gospel car ses consoeurs n'étaient pas habitées par la même magie.

Créé le 23 octobre 2009 (18:51)

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